Potlatch
Je
pourrais faire la tête, oui. Il y a quelques milliers
de raisons, aujourd’hui, de faire la tête.
Mais
j’ai la chance d’avoir été la chance
de quelqu’un aujourd’hui. Je n’ai pas eu
grand-chose à faire pour ça, sinon quitter une
place de parking en plein centre ville. J’avais la conviction
qu’elle ferait le bonheur du suivant. Et si celui-là
tournait depuis un quart d’heure, alors je suis devenu
un être béni.
Observe
le sourire de celui que tu dépannes, en lui donnant
l’heure, du feu, en lui indiquant son chemin. Vois ses
yeux. En lui courant après, parce qu’un doudou
est tombé de la poussette, un jeu de clé d’une
poche, un papier d’une sacoche, tu lui révèles
sa bonne étoile. Observe l’air satisfait de celui
qui t’achète cet objet inutile, dont tu te débarrassais.
La bonne affaire qui fait la joie d’un autre. C’est
ça le don et le contre-don. La vie.
«
Etre la chance de quelqu’un ! »
Franchement,
comment peut-on faire la tête après ça
?