Télescope
400
km parcourus… Aire d’autoroute. Les autres sont
descendus, qui pour se dégourdir les jambes, qui pour
aller uriner, qui pour faire le plein. Et moi, je reste là
dans l’habitacle, face au pare-brise. 400 km. Je contemple
la myriade de petites tâches jaunes, parcellaire et
inégale, émaillée de rouge, parfois.
Souvenir des dizaines d’insectes cueillis au passage
par notre bolide moderne et climatisé. Pulvérisées,
les ailes soyeuses. Une polyphonie de souffles, d’étoiles
fugitives parsemant la découpe des phares dans la nuit.
Une vitre, comme un récit de bataille. Une cartographie
de destins brisés. Et personne pour au moins s’en
enorgueillir.
La
gratuité et le hasard ont ceci de terribles, qu’ils
nous rendent sourds à ceux qui ne peuvent parler.
Là-bas
dans l’herbe, un papillon s’envole.
Merveille.
Je
souris. Ouvre la portière. Et m’en vais avaler
un café.
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