
Rugby
Il
n’y a eu qu’un seul et unique match.
Je
n’y comprenais rien. Retour triomphal des copains après
l’action, tape amicale, et toute l’équipe
qui ébouriffait les cheveux de celui qui venait de
conclure l’essai… Rite viril, coup de gueule,
congratulations. Le sport réveillait l’esprit
de meute. Mais sinon, ma place à moi ?
Ma
seule certitude, c’était qu’au moment où
le ballon m’arriverait dans les mains, il faudrait courir,
il en allait de ma survie.
Alors
j’ai couru. Très vite.
Un
instinct atavique réveillé par le battement
sourd de mes crampons sur le gazon.
Il
y a eu la clameur de la foule.
Il
y a eu la foulée animale de l’équipe adverse
qui courait à mes trousses.
Et
à mi-chemin vers la ligne d’essai, ce partenaire,
coulant ses pas dans les miens, pour me hurler aux oreilles
:
-De
l’autre côté, ducon, tu dois marquer de
l’autre côté !