Supprimer ?

 

"Supprimer ?"
Le mot scintille sur l'écran. J'hésite, renonce un instant, puis me décide à enfoncer la toucher "valider". A la vitesse de la lumière, les huit chiffres disparaissent dans le néant crépusculaire des composants électroniques.
Ça y est, j’ai effacé ton numéro dans mon répertoire.
Puisque tu ne décrocheras plus, inutile de le conserver, n’est-ce pas ? Mais j’ai malgré tout gardé ton prénom dans la liste de mes correspondants potentiels. Il défilera désormais au hasard d’une recherche du côté des L. Mes yeux tomberont dessus et j’aurai une pensé pour toi. Comme si ton fantôme apparaissait soudain.
J’ai enfin trouvé un avantage à mon foutu téléphone portable : conserver bien présent le souvenir de ceux dont on dit pudiquement qu’ils nous ont quittés.

Tu vas me manquer, mon ami.

 

(Pour Loïc)




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