No future
J’avais
décidé de nettoyer un buisson d’épineux
devenu trop dense, et j’y allais de bon cœur, désireux
que j’étais de redonner un peu de lumière
dans ce coin de terrain laissé en jachère.
Accroupi
en plein désherbage, j’ai soudain surpris trois
poussins réfugiés derrière une touffe
d’orties. Ils se sont dispersés en piaillant
pour se réfugier derrière leur mère,
une grosse matrone gourmande et pacifique qui, de fait, s’apparentait
à mes yeux à la mascotte de la maison.
Ai-je
tendu la main trop en avant pour saisir une nouvelle touffe
d’herbe ? Ai-je trop fixé un poussin de mon œil
attendri ? Je n’ai jamais compris ce qui est passé
par la tête de cette poule, ni pourquoi soudain elle
m’a identifié à un prédateur. La
seule chose dont je me souviens, c’est du choc alors
qu’elle se jetait sur ma figure. Un acte réflexe
de sa part, désespéré au vue de ma taille,
mais au demeurant tout à fait efficace : je prenais
là mon premier coup de boule. Ou plutôt «
un coup de poule », si vous me permettez l’expression.
Je
suis tombé en arrière, puis me suis figé,
à moitié k.o. La poule est repartie bien vite,
très digne, m’affichant son croupion pour me
signifier son mépris, alors que la troupe des poussins
suivait en essayant de tenir le rythme imposé par la
mère.
Il
m’a fallut deux bonnes minutes pour me remettre debout.
Et je suis rentré soigner mes bleus, sans un regard
pour la basse-cour qui avait suivi l’incident de loin.
Ce
jour-là, j’ai compris pourquoi la nature a doté
les poules d’une crête. Parce qu’en chacune
d’elle, il y a un punk qui sommeille.